{{Rapport du président}}
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La première clause est libellée comme suit:
«Pendant la durée du contrat, les parties contractantes examinent au sein d’une Commission technique paritaire, les problèmes qui résultent de l’évolution technique et économique de l’imprimerie en vue de les solutionner affirmativement dans l’intérêt général des parties. »
Jusqu’à aujourd’hui et depuis 77 rien n’a été fait sur cette question alors qu’à Genève «seulement» une dizaine d’entreprises passent à la photocomposition et à l’ordinateur.
La deuxième clause, c’est l’article 43 « Mesures en cas de chômage ». Elles devaient être négociées durant la période de validité de ce contrat. Or, rien non plus n’est fait sur cette question.
Face à cette situation les sections ont dû parer au plus pressé, c’est-à-dire se contenter d’accords passés avec les entreprises « concernées ». Souvent ces accords ont été mis sur pied malgré le syndicat. Le fait qu’en eux-mêmes ils soient bons, prouve que les travailleurs n ‘entendent pas se laisser « manger tout crus» mais qu’ils sentent la nécessité de se battre. Ils auraient dû constituer un tremplin pour le syndicat dans son ensemble, pour une lutte pour un accord central. Il n’en a rien été, et ceci essentiellement à cause d’une soumission de nos instances centrales à la paix du travail.
Or il faut être clair: nous sommes prêts à respecter le contrat pour ce qu’il contient, mais quand des clauses essentielles sont bafouées par le patronat on ne peut plus le respecter parce que ce n’est plus le contrat que l’on respecte mais uniquement les clauses de paix du travail. Le syndicat se transforme alors en un garant de la paix du travail et non en un défenseur intransigeant des intérêts des travailleurs.
Nombreuses sont actuellement les sections qui réclament un changement d’attitude, un changement d’orientation de nos instances centrales. Il ne fait non plus pas de doute que la lettre menaçant d’expulsion la section de Genève a été mal reçue non seulement à Genève mais également parmi de nombreux travailleurs de Suisse.
Dans toute société, ce sont les rapports de force qui déterminent ce que l’on obtient ou non. Encore une fois cela s’est vérifié lors de l’automne et de l’hiver 78-79. Le vote mandatant le Comité FST pour des mesures de lutte au cas où la SSMI genevoise refusait d’entrer en matière a contraint cette dernière à négocier certains points. Mais la mobilisation des membres a été jusqu’ici insuffisante pour obtenir ce qui était revendiqué : La sécurité de l’emploi et une augmentation uniforme de tous les salaires dans l’imprimerie.
Le comité de section maintient évidemment les négociations. Il y a eu 4 séances jusqu’à aujourd’hui. Mais il semble bien que l’on en soit arrivé là où c’est «soit la grève, soit on abandonne sans rien obtenir». En effet, la dernière séance a eu lieu en présence de l’Etat. Là, il a été possible de préciser ce qui est de la compétence de l’Etat et ce qui est de la compétence des associations professionnelles.
La SSMI est tout à fait d’accord pour accorder ce que l’Etat paie, mais elle se refuse catégoriquement de céder un sous de sa propre poche. Tel est le résultat principal enregistré. Pour exemple, l’Etat a demandé à la SSMI s’il serait possible de mettre les machines et outils de travail à disposition, hors des heures de travail, pour des cours de recyclage. Jusqu’à aujourd’hui aucune réponse n’est parvenue.
Nos revendications sont claires et justes: il faudra donc se battre pour les faire aboutir.
Cette lutte devra se mener sur plusieurs plans qui sont complémentaires.
-# Le plan local ou de la section: les besoins particuliers, les inégalités de développement imposés par le développement inégal du capitalisme, oblige les sections à se battre où elles sont sans tout baser leur attitude sur ce qui viendra d’ailleurs. JI va de soi que plus il y aura de sections qui se battront plus la centrale FST sera forte. En effet, ce qui donne de la force à notre. centrale FST ce n’est pas la soumission à la paix du travail, mais au contraire le fait qu’elle sa.; · poussée à ne plus la signer.
-# Le plan régional: les principes sont les mêmes que pour le plan local. Les problèmes dus aux inégalités de développement du capitalisme rend impossible l’uniformisation absolue de la lutte. Faire respecter la paix du travail à des travailleurs licenciés, à des régions dont l’industrie est menacée, c’est carrément épouser les vues des patrons, du capitalisme en général; c’est littéralement sacrifier les victimes au profit de la paix d’ensemble seul le patronat bénéficie.
-# Le plan national. L’activité au plan national ne peut qu’être le reflet de celle du plan local ou régional. Il aurait été absurde de croire qu’en 77, par exemple, une grève nationale aurait été décrétée. Elle était impossible, parce que le scepticisme à l’égard de l’efficacité de la grève était trop grand. Depuis, il y a eu des mouvements locaux qui ont été suffisant pour faire céder sur l’ensemble des revendications nationalement formulées. L’enjeu de la lutte d’idées entre ceux qui donnaient le rôle principal aux grèves locales de Genève et de Lausanne et ceux qui leur donnaient un rôle secondaire recouvrait dans le fond la lutte d’idées en les tenant de la paix du travail et qui prétendent que la lutte des classes c’est le tapis vert et ceux qui pensent que la lutte des classes c’est l’activité réelle des hommes. Il était important de donner aux grèves locales de Genève et de Lausanne le rôle principal, et que cette idée gagne du terrain sur le plan national est décisif pour qu’il y ait un jour un mouvement national. Ce dernier n’est plus impensable aujourd’hui.
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Le comité de section essaie d’agir sur ces trois plans, dans la mesure de ses moyens et de ses forces, Dans ce cadre les deux membres qui ont démissionné du comité en cours d’exercice, l’ont fait parce qu’ils étaient minoritaires dans le comité de section. Le soussigné est fortement pris à partie par un des deux confrères démissionnaires dans deux lettres adressées au comité de section, lettres dans lesquelles mon intégrité mentale est mise en cause. Ce genre d’attaque est évidemment parfaitement inutile dans le cadre d’un syndicat.
Notre section de Genève n’est pas autant isolée que certains veulent le prétendre, A la fin d’un débat contradictoire entre deux représentants de la section de Genève et le secrétaire central 0. Hiestand à une assemblée de la section de Zurich, les représentants de notre section ont été littéralement ovationnés.
Pour conclure je dirais que l’année 79-80 sera encore une année de renouvellement contractuel. Il s’agira encore une fois d’une dure bataille qui je l’espère, nous mènera à un contrat de travail et non à un contrat de paix du travail ou à une reddition.
C. TIREFORT