Edito
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syndicom n’a pas failli à sa tâche en négociant un contrat collectif de travail pour l’industrie graphique, pour Sunrise et pour les coursiers à vélo. Il est important de préciser que pour ceux-là, c’est une première en Europe !
Non seulement une convention collective de branche est vitale pour la protection des salariés, mais il est primordial de rappeler que sans CCT, seul le droit du travail prévaut. Et celui-ci est minimaliste car bien évidemment, il sert surtout les intérêts des patrons. C’est aussi un garde-fou pour éviter que les salaires ne tendent toujours plus vers le bas car dans ces CCT un salaire minimal viable est ratifié. Plus il y aura de CCT dans les branches, moins les autres entreprises offriront des salaires de misère et moins la sous-traitance deviendra attractive pour ces entreprises.
Il est primordial de souligner que le syndicat ne peut obtenir qu’une bonne ou très bonne CCT que lorsque le nombre de travailleurs syndiqués est élevé. On entend quelquefois dire que les syndicats cherchent à se faire de l’argent avec les cotisations des membres. Cela est totalement faux. Les syndicats recrutent afin d’avoir le plus grand nombre possible de membres, et par conséquent devenir toujours plus forts, pour faire le poids devant les employeurs et par là même être reconnus comme des partenaires sociaux. Il faut être partenaire social pour pouvoir négocier une CCT.
Une vie décente pour les employé·e·s ne fait plus partie des préoccupations de nos entreprises. En nous demandant toujours plus de productivité et de poly- valence, ces dernières ne parlent plus que de rentabilité. Pourquoi ? Pour dégager tou- jours plus de bénéfices et d’argent pour les actionnaires. Les salarié·e·s n’ont plus du tout le même rôle qu’avant dans les entre- prises : on les considère comme des charges, donc des coûts, et ce qu’ils apportent en termes de savoir-faire ou de bien-être à la société ne compte plus. Quand à la qua- lité des prestations, on s’assoit dessus.
Dans les entreprises où une CCT a été signée, l’employeur retient obligatoirement sur le salaire mensuel des non-syndiqués une contribution pour frais d’exécution de la CCT. Ladite contribution ne protège absolument pas en cas de problème.
Il ne tient qu’à chacun de nous de voir notre travail récompensé à sa juste valeur: en syndiquant nos collègues, nous contribuons à défendre nos valeurs professionnelles et éthiques. Surtout nous montrons que nous n’acceptons plus de travailler dans n’importe quelles conditions, ni avec n’importe quel salaire. Ensemble, nous sommes plus forts pour lutter.
Odile Gainon, présidente de la section Genève de syndicom