____
en attendant un inventaire des archives USL, voici une dont je dispose
____
sous-Commission ouvrière de la Tribune de Genève et Roto-Sadag
Genève, le 31 juillet 1985.
[/Aux comités centraux
du Syndicat du livre et du papier
et
de l’Union suisse des lithographes
/]
[*Pétition
Une poignée de mains aujourd’hui
pour conserver nos bras demain*]
{{La politique patronale}}
Suite au refus de l’IGS (Association de l’industrie graphique suisse) de fusionner sur certaines conditions avec l’ASAG (Association suisse des arts graphiques), l’ASAG a suscité parmi ses membres affiliés aux deux associations patronales la démission de ces entreprises de l’IGS. L’exercice a été concluant du point de vue des employeurs puisque 71 entreprises ont démissionné de l’IGS le 30 juin 1985 pour la fin de l’année.
{{Sur l’aspect syndical, il faut relever trois éléments}}
1. La démission des entreprises mixtes ASAG-IGS de l’IGS a pour effet de priver l’USL du pouvoir de négociation avec ces employeurs.
2. La situation des membres USL dans ces entreprises demeure inchangée tant que la convention est en vigueur (jusqu’au 31 août 1986). En effet, ce sont les patrons qui quittent l’IGS et qui renoncent à leur sociétariat dans cette association et ce ne sont pas les travailleurs qui renoncent à leur contrat de travail, donc juridiquement, les relations de travail entre ces employeurs et les membres USL de ces entreprises ne sont en rien modifiées. En revanche, la situation des membres USL qui changent d’entreprise devient précaire puisque ceux qui s’engageraient dans une de ces 71 entreprises ne pourraient plus revendiquer l’application de la Convention professionnelle (CP).
3. Lorsque l’on sait que l’ASAG a offert à l’USL de ratifier un accord par lequel l’USL et l’ASAG s’engagent à faire respecter la CP par leurs membres et à conclure de nouvelles dispositions contractuelles, on peut entrevoir le maintient de deux conventions collectives pour les travailleurs d’un même secteur avec toujours deux organisations de travail- leurs mais plus qu’une association d’employeurs; ce qui a pour effet d’accroître considérablement l’influence et le pouvoir de cette dernière.
_
Actuellement, l’absence de contacts officiels entre le Syndicat du livre et du papier et l’Union suisse des lithographes, ainsi que le manque de mesures d’information des membres par les responsables des syndicats, peuvent nous faire penser que les uns et les autres restent figés sur leurs positions corporatistes.
Si certains « chefs syndicalistes » de l’USL espèrent devenir partenaires de la plus puissante organisation patronale du secteur et souhaitent ainsi augmenter l’incidence et les effectifs de l’USL, et si certains autres du SLP espèrent que les membres USL démissionneront de leur organisation pour s’affilier au SLP, nous pensons quand à nous, qu’une telle attitude ne peut que renforcer la prédominance patronale sur les conditions de travail du secteur.
Avec une nouvelle convention ASAG-USL, on pourrait imaginer que les employeurs joueront le principe du vase communiquant, en incitant les nouveaux engagés à s’affilier à un syndicat plutôt qu’un autre en fonction de la convention qu’ils désireront voir appliquer dans telle entreprise, tel atelier ou même sur telle machine.
Sans le maintien intégral de la CP ou sans nouvelle convention ASAG-USL, les employeurs pourront démontrer qu’il n’est pas indispensable de se syndiquer pour obtenir des conditions de travail normales. Ces marges de manoeuvre patronale – et surtout la division des deux organisations ouvrières qui n’auront pas tourné à l’avantage des ouvriers la politique des employeurs – risquent de dissuader certains travailleurs, lors de modifications du champ d’application des conventions, à se syndiquer à l’un ou l’autre des syndicats.
{{Construire ensemble}}
Nous attendons des instances centrales de l’USL et du SLP qu’elles travaillent ensemble pour renforcer les travailleurs dans la situation actuelle : la fusion le plus rapidement possible ; c’est la seule solution.
A notre avis, d’une part, l’USL doit exiger des employeurs qui ont agréé la CP en janvier 1983 qu’ils la respectent jusqu’en août 1986 – les entreprises mixtes démissionnaires de l’IGS se doivent de respecter les effets individuels et collectifs de la CP. Cela, d’un point de vue juridique, n’est pas contesté.
D’autre part, le SLP doit donner son accord et inviter l’ASAG à prier ses anciens membres mixtes à respecter leurs engagements contractuels vis-à-vis des membres USL. C’est maintenant que nous devons exercer notre solidarité de classe. L’USL et le SLP devraient obtenir de l’ASAG que la CP soit reconduite jusqu’au 31 mai 1987, date d’échéance du Contrat collectif de travail (CCT), afin que les représentants des travailleurs des arts graphiques et l’ASAG puissent négocier ensemble une convention collective générale et unique pour toutes les imprimeries du pays.
Dans ces perspectives, nous sommes d’avis que les oppositions de certains permanents syndicaux à la fusion des deux organisations apparaissent de plus en plus comme la défense d’intérêts personnels égoïstes qui n’ont rien à voir avec l’intérêt des membres des syndicats. Nous pensons que les syndicats peuvent convenir intelligemment de la meilleure manière d’occuper leur personnel et que celui-ci n’a rien à craindre d’un tel regroupement.
Nous souhaitons connaître le point de vue de nos deux instances centrales sur le projet ici présenté ainsi que les directives qu’elles entendent adopter. Nous demandons à ce que cette pétition et les réponses soient publiées dans les organes syndicaux et qu’au moins un résumé soit traduit en allemand et en italien. Nous les en remercions par avance.
Copies pour les Comités de section USL et SLP de Genève, et acheminement par leur soin.
Signé* par des travailleurs affiliés au SLP et par des travailleurs affiliés à l’USL.
Syndicat Signature
*plus de 240